Depuis sa création en 1997 à Montpellier, le Festival International des Sports Extrêmes (FISE), dont l'édition 2024 se déroulera du 8 au 12 mai, se revendiquait comme le troisième événement sportif gratuit en France, derrière le Tour de France et le Vendée Globe. Son ambition était claire : démocratiser les sports extrêmes en les rendant accessibles à tous grâce à un modèle financier basé sur l'aide des collectivités (865.000 euros en 2023), le sponsoring (1,6 millions d'euros), la sous-traitance de la buvette, la vente de merchandising, la location des stands et quelques droits TV (356.000 euros). Soit 2,8 millions d'euros de recettes. Le hic : depuis deux ans, l'événement enregistre des pertes sèches.
« Jusqu'en 2019, le FISE était en croissance mais la sortie du Covid, après deux éditions digitales réussies, a eu des conséquences désastreuses, rappelle Hervé André-Benoît, président du groupe Hurricane, fondateur et organisateur du festival. Lorsque nous avons relancé le FISE en 2022, nous savions que cela allait être compliqué... Résultat : une perte nette de 900.000 euros. En 2023, nous avons réussi à limiter la casse malgré l'inflation mais nous avons encaissé près de 500.000 euros de pertes, pour un budget global de 3,3 millions d'euros. Pour reconduire l'événement cette année, mon groupe ne pouvant plus supporter les pertes, il n'y avait pas d'autre solution que de changer de modèle économique en demandant une participation aux festivaliers. »
Infléchir l'érosion du sponsoring
Si Hervé André-Benoît se félicite que les budgets alloués par la Métropole de Montpellier et la Région Occitanie soient restés stables au fil des ans, le sponsoring, lui, est en pleine érosion. Les deux principaux sponsors du FISE, les entreprises SFR et Honor qui représentaient un soutien de 400.000 euros, se sont retirés en 2019. Puis les autres ont suivi.
« Ce que nous avions construit pendant des années s'est écroulé, se désole l'organisateur. Pendant la crise sanitaire, les sponsors sont partis sur le marché des influenceurs qui est sur la même cible de clientèle que nous, les 16-30 ans. »
Dernier coup dur en date : le retrait de l'enseigne Jules en 2023.
« Le sponsoring de base est devenu impossible à vendre sans les activations, reprend Hervé André-Benoît. Par activations, comprenez la mise à disposition d'une zone pour accueillir les festivaliers, l'organisation de jeux concours, des plans de communication sur les réseaux sociaux... Nous adaptons notre offre à ce que les sponsors demandent et cela a un coût : s'ils vous donnent 50.000 euros, en interne ces activations vous coûtent près de 30.000. L'évolution est énorme ! Lorsqu'on avait Playstation ou Adidas comme sponsors, ce qui leur importait, c'était la visibilité. Puis avec SFR nous avions mis en avant l'opération Airbag (structure pour les riders, NDLR). Aujourd'hui, avec G-Shock nous offrons une montre toutes les 500 inscriptions. Ce qui compte désormais, c'est l'interactivité en BtoC, domaine dans lequel les influenceurs excellent. »
Pour l'édition 2024, il manque à date 400.000 euros pour atteindre l'objectif fixé de 1,6 millions d'euros. Des contacts sont en cours avec trois sponsors mais la prise de risque est bien réelle.
« Je taille mon groupe »
Autre évolution, les exigences des fédérations internationales qui sont, elles aussi, montées d'un cran : tests anti-doping, augmentation des prize-money pour atteindre l'équité hommes-femmes chez les gagnants des différentes compétitions, nombre de juges... Des mesures nécessaires mais qui ont fait exploser les charges de près de 20%.
Quant aux droits TV (de l'ordre de 50.000 à 80.000 euros), le FISE ne travaille plus avec les chaînes payantes (faible audience, peu de notoriété). L'an dernier, l'événement a été largement relayé par la chaîne L'Equipe, et cette année ce sera Eurosport à l'international. Des discussions sont en cours pour le marché français.
Enfin, le budget alloué à la masse salariale est colossal. Sur l'événement, le groupe Hurricane met à disposition l'ensemble de ses salariés (100 personnes), en recrute 200 pendant un mois et fait appel à 200 bénévoles. Au total, 500 personnes travaillent sur le FISE, le poste sécurité représentant à lui seul 250.000 euros.
« Nous ne cessons de nous améliorer dans la planification de notre organisation, estime pourtant Hervé André-Benoît. Cela fait 26 ans que je taille mon groupe pour qu'il soit le plus performant possible : la location des parcs nous coûterait le triple si ce n'était pas nous qui les fabriquions. Je pense avoir l'un des meilleurs outils de production évènementiel au monde. »
100.000 festivaliers payants
Pour atteindre sa rentabilité, le FISE devient donc payant avec un pass à 10 euros, valable pour les cinq jours de l'événement. La participation est ramenée à 5 euros pour les enfants de 5 à 10 ans, et à 7 euros pour les détenteurs de la Carte Jeune Région. L'entrée sera gratuite pour les moins de 5 ans et les personnes en situation de handicap. Seul l'accès à la place Georges Frêche, où se trouve notamment la spine-ramp, restera ouvert à tous.
Hurricane table sur un budget à l'équilibre de 3,7 millions d'euros, misant sur 150.000 visiteurs uniques, dont 100.000 payants, soit, en cumul, 435.000 spectateurs (contre 480.000 l'an dernier). Les recettes additionnelles de la billeterie, estimées à 1 million d'euros, seront réinvesties* dans l'organisation du FISE : 100.000 euros de frais pour rendre le festival payant (barrières, sécurité, logiciel ticket, personnels en caisse,...), 200.000 euros de communication sur les réseaux (pour consolider la fréquentation), 200.000 euros pour upgrader l'expérience sportive et les 500.000 euros restants pour combler le déficit 2023.
« Ce n'est pas ce que je souhaitais pour mon événement, mais c'était ça ou on arrête tout, reconnaît Hervé André-Benoît. J'espère que les riders comprendront qu'il vaut mieux payer 2 euros par jour pour voir 8 coupes du monde, 45 compétitions et 2.000 athlètes, dont certains dans le top 100 des meilleurs mondiaux ! »
Effet kiss cool des JO
Deux nouvelles coupes du monde - trottinette street et trottinette Park - et une nouvelle discipline, le basket 3X3, font leur apparition cette année au FISE. Issue de la pratique libre et créative du basket de rue, le basket 3X3 a d'ailleurs intégré la liste des sports olympiques lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
« Cela fait dix ans que je pousse pour ça, assure Hervé André-Benoît, qui ambitionne de faire rentrer la trottinette aux JO de Los Angeles et de faire revenir le mountain bike au FISE. J'espère que les JO Paris 2024 contribueront à recréer une dynamique puissante autour des sports extrêmes et que le FISE continuera ainsi à être la locomotive mondiale des actions sports. »
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