En 2017, le cascadeur Rémy Julienne, décédé ce jeudi des suites du Covid-19 à l’âge de 90 ans, a confié à la Cinémathèque de Toulouse toutes ses archives personnelles.
Son nom figure au générique de plus de 1400 films. Il a réglé les cascades de scènes de six James Bond, doublé quatorze fois Belmondo et nous avait confié que sa plus dangereuse cascade c’était dans « La menace » d’Alain Cornaud. « La scène ? : je doublais Montand qui devait sauter d’un énorme de camion de 20 mètres de long, bourré de carburant, roulant à 100 à l’heure et qui explosait au moment où il était lancé dans un précipice… Il faut dire que j’ai écrit une quinzaine de synopsis dans lesquels j’aurais dû laisser la peau… » avait – il poursuivi en ajoutant « Je n’ai jamais eu peur pendant l’action. Avant Oui. Et il le faut : la peur est un garde-fou. »
Il avait échappé 17 fois à la mort
Rémy Julienne avait échappé dix-sept fois à la mort de toutes ces cascades les plus folles, et son corps en gardait les traces à travers de multiples cicatrices. Mais ce jeudi à 90 ans, la grande faucheuse a fini par le rattraper et le vieil homme s’est éteint des suites du Covid.
En 2017, le cascadeur avait donné en dépôt à la Cinémathèque de Toulouse toutes ses archives personnelles. Des milliers d’heures d’acrobaties et d’essais filmés, des story-boards, des croquis d’études de cascades qui permettaient de comprendre comment cet ancien champion de France de moto-cross (en 1957) préparait ses exploits.
Un trésor qui constitue un patrimoine unique couvrant près de cinquante années de cinéma. Pourquoi à la cinémathèque de Toulouse ? « J’ai choisi de déposer mes archives à Toulouse, parce que la cascade, c’est le cœur du cinéma. C’est de l’amusement et c’est du sérieux », nous avait – il expliqué. « J’ai toute une équipe de gens formidables qui ont toujours travaillé avec moi, des gens qui ont pris des risques, mis leur vie en jeu parfois, et je souhaitais faire connaître et comprendre ce travail. Dévoiler l’envers du décor. Et pour conserver ces films d’essais, ces story-boards de cascades, je voulais du béton armé. Un lieu sûr et des gens sérieux. La Cinémathèque de Toulouse donc ! Et puis Toulouse, grâce à Airbus est connue dans le monde entier. Et je voulais une ville qui ait un rayonnement international. »
Franck Loiret, directeur délégué de la Cinémathèque de Toulouse exprimait hier sa tristesse devant la mort de cet « artiste incroyable, humble, chaleureux, qui d’ailleurs était venu en septembre à notre assemblée générale. Un homme précis, qui avait un grand souci de la transmission. Ses fils continuent d’ailleurs dans cette voie, et il a même créé un centre d’apprentissage Un homme qui fourmillait encore de projets. Notamment celui de créer une sorte de parc d’attractions sur le thème des cascades dans la région toulousaine. »
Et il poursuit : « Rémy Julienne nous a confié toutes ses archives et pour nous c’est une mine parce que c’est avec ce genre de documents que s‘écrit l’histoire du cinéma. Son dépôt est très riche et il nous faudra encore du temps, pour trier, archiver, classer tout ce qu’il nous a confié. Pour moi, Rémy Julienne a donné ses lettres de noblesse à la cascade qu’il a élevé au rang d’art. Il ne s’agissait pas pour lui de faire des prouesses techniques, mais de s’inscrire dans une équipe, de travailler avec le réalisateur, le scénariste et d’intégrer ses cascades dans la vérité d’un film. »
Promu officier des Arts et Lettres avant Noël
Juste avant Noël, l’homme a été promu au grade d’officier de l’Ordre des Arts et des Lettres par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. « Mais je trouve qu’il a été plus reconnu à l’étranger qu’en France, termine Franck Loiret. Notamment par la profession. Roger Moore avait dit que les James Bond ne seraient pas ce qu’ils étaient sans Rémy Julienne. Il était une valeur ajoutée dans un film. En 1981, il a reçu l’« annual award » remis aux États-Unis, par la Motion Picture en tant que meilleur coordinateur de cascades pour le film « Rien que pour vos yeux ».Et en France il n’a jamais reçu un César d’honneur. Cela dit, il avait la reconnaissance du public. Et cela, c’était important pour lui… »
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