Search

Fédérations auto et moto : « Nous sommes des sports extrêmement populaires » - Le Journal du dimanche

Pierre Gasly et Esteban Ocon en Formule 1 (Alpine), l’ancien champion du monde Fabio Quartararo (Yamaha) et Johann Zarco (Honda) en MotoGP : la France possède des représentants dans les catégories reines des sports mécaniques. Mais depuis le début de saison, leurs équipes se traînent en queue de peloton.

Le président de la Fédération française du sport automobile (FFSA), Nicolas Deschaux, et son homologue de la Fédération de motocyclisme (FMM), Sébastien Poirier, ont volontiers accepté notre idée d’un entretien croisé pour analyser la situation actuelle. Très complices, les deux amis de trente ans en ont profité pour balayer les grandes thématiques d’actualité de leur secteur.

Le JDD. ​Comment réagissez-vous aux difficultés rencontrées par les pilotes français dans les catégories reines ? La relève est-elle là ?

​Sébastien Poirier. Cette situation rappelle que le très haut niveau n’est pas simple. Il n’y a pas si longtemps, nous avions des pilotes en Moto2 et en Moto3 [les catégories inférieures, NDLR], mais pas en MotoGP. Aujourd’hui, nous n’en avons plus dans les petites catégories, mais on a la chance d’avoir deux formidables champions dans la catégorie phare pour porter les couleurs de la France. Cette saison sera sans doute un peu plus compliquée car ils sont dans des « teams » moins performantes. N’oublions quand même pas que l’an dernier, ils ont fait de nombreux podiums et il y a deux ans, ils ont même réussi des doublés. Ils vont revenir en haut de l’affiche, j’en suis persuadé. Et j’ai bon espoir qu’en 2026 ou 2027, on retrouve des pilotes français dans les catégories Moto3 et Moto2, ce qui permet d’alimenter le MotoGP.

Nicolas Deschaux.  On sait que l’équation pour arriver en F1 n’est pas une science exacte. Il faut un niveau de performance très élevé du pilote et une « team » qui soit bonne. Le choix qui a toujours été le nôtre, à la fédération, c’est de pousser nos talents le plus loin possible pour qu’ils aient davantage de chance d’arriver en F1. On garde un regard très attentif sur l’antichambre directe, la F2 [où évoluent Isack Hadjar et Victor Martins, NDLR] tout en restant prudents parce que même si vous êtes champion en F2, vous n’êtes pas certain d’accéder à la F1.

La suite après cette publicité

Contrairement à la MotoGP, les Championnats du monde de F1 et des rallyes ne font plus étape en France. Est-ce une préoccupation ?

N. D. Non. La priorité, c’est d’avoir un haut niveau très, très fort, avec une excellente formation, et le financement nécessaire. Pourquoi ? Parce que le haut niveau ruisselle sur l’ensemble de la pratique. Et notre mission première, c’est d’augmenter le nombre de licenciés et de sites de pratique. Les très grands événements ont un impact limité sur l’augmentation du nombre de pratiquants. Il se trouve que le marché mondial des événements sportifs a complètement changé, et pas uniquement dans le sport automobile. Il y a par exemple la concurrence de pays qui font du soft power [les pays du Golfe qui disposent de moyens financiers immenses, NDLR]. Cette concurrence a fait monter les prix pour organiser ces grands événements. Ça reste d’abord un choix de l’État français d’accueillir ce type de courses.

S. P. On a la chance, par rapport au soft power évoqué par Nicolas, d’être moins « impactés » au niveau de la moto. Le Grand Prix de France de vitesse constitue un élément clé du calendrier et on a une économie saine, c’est-à-dire qu’on peut parfaitement l’organiser sans subvention. Nos deux fédérations sont d’ailleurs assez spécifiques puisque nous sommes très peu subventionnés. Nous sommes à moins de 5 %.

« Le marché mondial des événements sportifs a totalement changé »

Et concernant le nombre de licenciés, où en êtes-vous ?

N. D. Avec 48 000 licenciés à l’année, on est encore en augmentation, de l’ordre de 3 %.

S. P.  On est en progression également, on a battu notre record l’an dernier, avec 65 000 licenciés en 2023. Pour prolonger ce que disait Nicolas, nous sommes des fédérations multidisciplinaires. Attention à ne pas juger le niveau de performance de la Fédération française de motocyclisme uniquement sous le prisme de la MotoGP. On a eu sept titres de champion du monde en 2023 dans d’autres spécialités. Par exemple, la principale discipline chez nous, c’est le motocross, qui est beaucoup moins reconnu par le grand public.

Vos sports respectifs sont régulièrement attaqués sur leur dangerosité présumée, leur impact sur l’environnement ou l’image de disciplines réservées aux garçons…

N. D.  Oui, nous sommes toujours vus comme un sport de garçons. Parce que culturellement, on pense davantage au petit garçon qui joue à la voiture qu’à la petite fille. Mais au-delà de l’image, il faut regarder les chiffres. Aujourd’hui, la pratique féminine, c’est 12 %. On l’a vu avec Netflix [et sa série Drive to Survive, NDLR], le pourcentage de femmes qui se sont mises à regarder de la F1 a augmenté. Une forme d’appétence se crée. C’est un facteur de croissance. On a cette chance d’être un sport où les femmes peuvent se mesurer aux hommes, et je suis persuadé qu’au-delà des épreuves 100 % féminines qu’on a pu mettre en place, il y a une possibilité de renforcer la mixité à l’intérieur de notre sport, et d’en faire un vrai levier de développement pour augmenter le nombre de licenciés.

S. P.  On rencontre le même succès, même si on n’a pas posé un plan de féminisation comme à la FFSA. On a des championnats féminins sur l’ensemble de nos disciplines et celles qui le souhaitent peuvent se mesurer à des garçons. C’est totalement moderne. Notre taux de féminisation est de 7 %. On était à moins de 5 % il y a encore quelques années. En parallèle de l’activité sportive, de plus en plus de femmes passent leur permis moto. On est à la mode. À nous d’en profiter.

« La chance d’être un sport où les femmes peuvent se mesurer aux hommes »

Malgré les clichés négatifs qu’ils véhiculent, si l’on devait résumer en un seul mot vos sports, serait-ce « popularité » ?

S. P. Oui, nous sommes des sports très populaires, même extrêmement populaires.

N. D. L’an dernier, le centenaire des 24 heures du Mans a sûrement été la plus grosse manifestation sportive de l’année sur le territoire français. Quand on organisait le Rallye de France en Alsace et qu’il y avait à l’époque Sébastien Loeb, on n’arrivait pas à contenir les spectateurs qui étaient au bord des routes juste pour voir la voiture de Loeb. Il faut vivre de tels moments !

S. P. Je vous donne quelques chiffres. L’Enduropale du Touquet, c’est 350 000 spectateurs gratuits. Le Salon de la moto à Lyon a la plus forte affluence du parc des expositions de la ville. Le Grand Prix de France de vitesse, c’est la plus belle affluence en 2023 de l’ensemble du Championnat du monde de Moto GP. Tout n’est que popularité dans les sports mécaniques.

Adblock test (Why?)

En savoir plus et une source d'actualités ( Fédérations auto et moto : « Nous sommes des sports extrêmement populaires » - Le Journal du dimanche )
https://ift.tt/g8bihRH
Des sports

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Fédérations auto et moto : « Nous sommes des sports extrêmement populaires » - Le Journal du dimanche"

Post a Comment

Powered by Blogger.