Parti de Belgique il y a onze ans, Julian Maroda a monté un studio de jeux vidéo baptisé Norsfell. Aujourd'hui, le studio emploie 18 personnes.
Pour Julian Maroda, tout a commencé à six ans, lorsque ses parents, originaires de Bouillon, lui ont offert une console de jeux Sega Megadrive. "Comme j'étais un enfant unique, c'était pour moi l'accès au loisir", nous a expliqué Julian Maroda, confiné dans son appartement de Montréal.
Après une scolarité classique, Julian s'en va refaire sa rhétorique en Australie. Une année décisive. "Cette année dans le bush australien a été super importante pour moi, notamment en ce qui concerne les rencontres. Cette année m'a fait gagner en maturité et elle m'a donné le goût du voyage", raconte-t-il. De retour en Belgique, il entame une formation en communication suivie par une maîtrise, toujours dans le même domaine, avant de se rendre compte qu'il s'éloigne de plus en plus de sa passion première: la conception de jeux vidéo.
Après avoir fait le tour des écoles proposant un cursus en la matière, il tombe sur l'Université de Montréal qui propose un DESS d'un an en partenariat avec Ubisoft (concepteur, éditeur et distributeur de jeux). La formation est pointue, il y a peu d'élus (en moyenne un candidat sur cinq), mais Julian Maroda fait partie du lot. Et en 2009, à 22 ans, il fait sa valise en s'en va au Canada.
Sucess story
Après cette formation d'un an, il décroche un stage de game designer dans une petite société, stage qui se transformera ensuite en emploi fixe. La voie semble alors se tracer.
"En Belgique, on m'aurait pris la main du berceau à la tombe et je ne voulais pas cela."
"En Belgique, je ne me suis jamais vraiment senti à ma place. Quand on veut essayer quelque chose, on est vite rabaissé. On m'aurait pris par la main du berceau à la tombe et je ne voulais pas cela", explique-t-il, en se souvenant de son accueil à l'immigration lors de son arrivée au Canada.
En parallèle de ses jobs dans des petits studios, il conçoit un premier jeu vidéo en compagnie de deux jeunes collègues. Après une année et demi de travail acharné, le jeu est édité. Petit succès d'estime et de la critique qui ne nourrit pas ses créateurs, mais qui leur permet de se tailler un début de réputation dans le milieu du jeu vidéo. "Ce jeu nous a rapporté 1.500 dollars, de quoi payer les pizzas", explique Julian Maroda.
Repéré par un incubateur
A ce moment, Julian Maroda sait qu'il peut compter sur cette petite équipe. Alors qu'ils travaillent tous les trois pour le même studio, ils sont attirés par un incubateur piloté par Jason Della Rocca, un nom qui compte dans le milieu du jeu vidéo. Nous sommes en 2013, l'année de la création du studio Norsfell par Julian Maroda qui embauche ses équipiers. L'affaire est lancée. "Cette première année fut la plus intense de ma vie. On a fini sur les genoux, mais on a livré le jeu et nous avons appris comme des malades, sur le tas."
Depuis, le studio a sorti des jeux de façon régulière et a commencé à lever des fonds. "Ici, à Montréal, ils ont une vision à long terme. Dans les années 90, ils ont compris que le jeu vidéo serait rentable vingt ans plus tard. Ils ont investi et ont attiré des compagnies", s'émerveille encore notre interlocuteur. "Aujourd'hui, quand on parle de développement de jeux vidéo, il y a trois pôles: les Etats-Unis, le Japon et la Canada", précise le fondateur de Norsfell qui sait maintenant qu'il est à la bonne place.
Et le studio de Julian Maroda a percé cette année en signant un deal de plusieurs millions de dollars avec l'éditeur de jeux Gearbox. Le studio vient également de signer un partenariat exclusif avec Sony pour la Play Station 5. Aujourd'hui, Norsfell compte 18 employés. Ils seront vingt en fin d'année et sans doute 30 l'année prochaine. Et soudain, on se dit que Julian Maroda a bien fait de traverser l'Atlantique.
July 18, 2020 at 07:08AM
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De Bouillon à Montréal, pour l'amour du jeu vidéo - L'Echo
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